
En l’absence de données archéologiques et de contacts attestés avec des peuples voisins jusqu’au 18ème siècle, l’histoire des origines du peuple Lama, surnommé Kabye se dérobe de la chronologie. Même les récits du corps à corps entre l’homme kabyè et la Nature, pour occuper les lieux et s’installer, ne nous livre pas l’âge de ses premiers ancêtres.
Il faut attendre que le peuple Kabyè ait eu des contacts avec des populations voisines, dont on situe approximativement la date d’installation dans la région, pour que l’on puisse ébaucher son histoire. C’est la raison pour laquelle, en pays Kabyè, à l’autochtonie répond l’indépendance : les Kabyè ne seront jamais assujettis à quelque domination étrangère. Ils seront toujours un peuple libre, résistants aux raids de pillage et aux expéditions guerrières des peuples conquérants

Origine
Le peuple Lama à l’origine aujourd’hui peuple Kabyè : Après avoir conquis la région centrale (sokodé), le colonisateur allemand s’est engagé pour prendre sous son autorité le reste des peuples voisins du nord. Avant d’attaquer ce peuple jusque-là inconnu, le colon allemand a voulu du moins connaître son nom.
C’est ainsi que le chef Kotokoli qui ignorait lui aussi l’identité de ses voisins directs du nord n’avait mieux qu’à situer le colon qu’à travers les techniques de culture de ce peuple. D’où le nom les «Kabourè», c’est à dire ceux qui entassent les cailloux et des pierres , en langue kotokoli.
En effet, n’étant qu’agriculteurs, les Lama «Kabyè» sont reconnus pour la culture en terrasse qu’ils ont inventée et qu’ils pratiquent depuis des siècles.
Ce surnom «Kabourè» en kotokoli va devenir avec le temps «kabyè» selon la signification dans le dialecte du peuple Lama. C’est ainsi que le peuple Lama de son vrai nom est devenu le «kabiyè» en passant par le surnom «Kabourè.»
Au sujet de l’origine des Lama «Kabyè» nous disposons de deux versions: la version mythique et celle historique
1. La source mythique enseigne que les Kabyè se déclarent autochtones de leur milieu. On ne connait donc pas leur origine spatio-temporelle. Ils se déclarent être originaires de deux centres où Dieu: Esso les aurait créés et fait descendre sur la terre à Saoudè (pour ceux du massif sud, aujourd’hui Saoudé) et à Farente (pour ceux du massif nord).
Ces deux «Eden» sont des lieux de cultes très fréquentés, où l’on vénère les ancêtres et en particulier le Premier Ancêtre divinisé ègolmiè

2. Selon les historiens, les Kabyè seraient venus des anciens territoires du Burkina Faso, du Mali et du Soudan, du nord Cameroun passant par le nord Bénin. Ils appartiendraient à ces populations dites primitives que certains ethnologues appellent les paléo-nigritiques, c’est-à-dire ces populations nues vivant le long du 10° parallèle et présentant une uniformité de techniques et de mœurs remarquables (des Coniagui de Guinée, en passant par les Lobi, Konkomba, Moba, Kabyë et Somba jusqu’aux Fali du Cameroun, on retrouve partout les mêmes femmes vêtues de deux bouquets de feuilles, les étuis péniens portés par les hommes, les lèches enduites de strophantus, un goût remarquable pour les parures de perles ou de cauris….).
Le pays Kabye actuel est situé dans le Nord du Togo entre le 9° 23’ et le 10° 10’ de l’attitude nord, d’une part, et les méridiens 0º 50 Est et 1° 30’ Est, d’autre part
Il est composé d’une population, appelée les Lama, appartenant aux hommes de type pali-nigritique, se rattachant particulièrement aux populations voltaïques
Avant les invasions a une date non déterminée, les Lama occupaient vraisemblablement toute la région de Sokodë au 8° 5° Sud jusqu’aux fleuves Kéran et Koumongou au Nord, et du fleuve Oti à l’Ouest jusqu’à Djougou au Bénin (ancien Dahomey) à l’Est.
Les invasions extérieures
Sous la pression des invasions de nombreux immigrants dont les principaux étaient :
- Les Bariba, venus de Nikki à l’Est,
- Les Gourma, venus du Nord et qui ont formé le clan Suzérain des Kotokoli (le clan Mola) ;
- Des éléments Dagomba, Bassar (Bi-tchabé) Ashanti du Ghana.
Les Lama durent, à une époque non déterminée, se resserrer autour du massif granitique Sud. Ce regroupement des Lama dans leur réduit a été causé par l’effet des razzias des cavaliers Djerma ou Zamberma et des chasseurs d’esclaves Fon, Ewe venant du Sud et Sud-Est, puis les Ashantis de l’Ouest. Ce regroupement s’est opéré en deux phases

Première phase
Les Lama abandonnèrent les plaines et se réfugièrent dans les massifs montagneux; pentes des monts du Togo dits Kolina-Bô, et plateau Dako-Soudou, qui constitue l’actuel chaîne des monts d’Alédjo vers le côté Est, montagne de Bassar sur le côté Ouest; puis celles de Djamdè côté Ouest vers Guérin-Kouka et celle de Séika à l’Est proche de la frontière avec le Bénin actuel.
Deuxième phase:
La seconde phase de ce regroupement s’est réalisée sous la pression des étrangers Installés dans les plaines. Leur nombre augmentant et devant les nécessités économiques, les Lama passèrent le fleuve Kara qui devint aussi une barrière entre eux et leur réduit, tandis que ceux d’entre eux qui étaient restés dans les massifs isolés eurent assimilés par les populations immigrantes : les Bassar et les Kotokoli, où ils devenaient l’origine de certains clans : les Koli et les Wado principalement en pays Tem les Koll, Nadju, Bassar, Nayore et Nafale dans la région de Bassar.
Aujourd’hui encore, les gens de Soudou reconnus comme des Kotokoli se savent Kabyè d’origine
Il faut certes présumer que le peuplement de la montagne correspond à un reflux de gens de la plaine sous la pression d’envahisseurs; mais cette préhistoire (1) est inconnue des Kabyè et nous ne pouvons que risquer de fragiles hypothèses sur ceux qui les ont précédés
Les anciens Lama ont laissé un peu partout, des traces de leur présence, soit dans la toponymie (Kolina-Bô, Kolita-Kobidji, Lama-Disi, Lama-Bô, Lama, ete), soit un terrain sous forme de pierreries (Alédjo-Kadara) qu’ils vénéraient comme matérialisation et représentation de leurs ancêtres.
Cette avancée des envahisseurs n’a pas eu raison des Kabyè qui, retirés dans leur réduit dans le massif Sud Somdina-Saoudè et dans le massif Nord, formaient un groupe impressionnant pour la défense.

Le relief lui-même constituait un obstacle insurmontable aux raids de cavalerie des royaumes voisins. Les bandes de cavaliers Djerma ou Kotokoli pénétrant dans le territoire Kabyé se trouvaient dans la situation de celui qui piétine. C’est ce qui a permis à cette population armée de flèches de se défendre contre la pénétration de l’islam qui tentait vainement sa percée dans cette région, et d’opposer une vive résistance à la pénétration allemande fin 1897 début 1898 avant de s’y rendre.
Les armes à feu du colonisateur l’emporteront de nouveau sur eux lors de la lutte pour l’indépendance du Togo au marché de Hodo le 21 juin 1957.
CS et Mme Atafeinam Beleï epse Kadanga (In CHRONIQUE DE LA SEMAINE n°718 du 27 juin 2024)
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