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Après avoir adhéré parfaitement à la politique de décentralisation prônée, depuis quelques années, par le Président de la République, ceci à travers leur participation effective aux différents scrutins y afférents, une frange de la classe de l’opposition annonce un retournement de veste au dernier virage. Le processus de décentralisation amorcé par des élections municipales en 2019, suivi par les régionales en 2024, sera parachever par les élections sénatoriales ce début d’année 2025, souligne l’exécutif. Si l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) avaient pris part aux deux premières élections sans bruit, pour ce qui est des élections sénatoriales, ces partis vont briller par le boycott. Pour quelle raison refusent-ils de prendre part à un scrutin qui clos un processus auquel ils ont adhéré depuis le début ? Sachant bien, depuis les prémisses, que le terminus du projet de la décentralisation n’est autre que la mise en place du Sénat, pourquoi n’avaient-ils pas réclamé alors son annulation ?… Tant de questions, qui circulent dans l’opinion, sur cette attitude surprenante de l’opposition.

Le Togo s’apprête à organiser ses premières élections sénatoriales à la mi-février 2025. Une avancée dans la mise en place des institutions prévues par la Loi Fondamentale, et qui va donner force à la mise en œuvre de la Vème République. Toutefois, cette échéance suscite des tensions, notamment avec l’annonce de certains partis de l’opposition, comme l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC), la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP), les Forces Démocratiques pour la République (FDR) et le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR), de boycotter ce rendez-vous électoral. Alors que plusieurs leaders et militants de ces partis occupent et jouissent, ce depuis plusieurs années déjà, des postes de responsabilités issus d’une partie des élections inscrites dans cadre de ce processus de décentralisation, qu’est ce qui peut expliquer ce désintéressement pour le scrutin sénatorial ?

Pour nombre d’observateurs de la scène politique togolaise, le refus de candidater pour les sénatoriales, n’est qu’une fuite en avant, ceci pour éviter une énième humiliation électorale.

En effet, depuis plusieurs années, l’opposition togolaise peine à se positionner comme une force unifiée et crédible, capable de forcer la main au pouvoir en place. Marquée par des divisions internes et un manque de stratégie claire, elle semble s’éloigner de son rôle traditionnel de contrepoids fiable du pouvoir. Cette décision de boycott, qui s’ajoute à une série d’échecs électoraux et de contestations infructueuses, semble retracer les défis structurels auxquels cette opposition est confrontée.

L’élection sénatoriale s’inscrit aussi dans le cadre des réformes de la cinquième République, avec un Sénat qui comptera 61 membres. Parmi eux, 41 seront élus, tandis que 20 seront nommés par le Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé. Le Sénat, bien qu’envisagé dès la Constitution de 1992, ne verra sa concrétisation que dans quelques mois seulement. Malgré cela, l’opposition reste divisée sur son utilité et sur la stratégie à adopter face à ce nouveau tournant institutionnel. Il est très décevant de voir l’opposition plus divisée que jamais malgré les appels des militants à l’unité d’action pour mieux affronter le parti au pouvoir.

Au moment où certains opposants confirment leur participation à cette élection, d’autres conscients des bourdes de leurs militants qu’ils ont passé le temps à duper, ne font que les pieds et les mains pour que le Chef de l’Etat puisse aussi nommer les cadres de l’opposition au Sénat. Pour d’autres, c’est le boycott la simple solution. Le parti Forces démocratiques pour la république (FDR) considère, pour sa part, l’annonce de l’élection sénatoriale comme « un non évènement et n’y accorde aucun intérêt ».

Le leader de l’ANC, Jean-Pierre Fabre pointe, de son conté, le « caractère antidémocratique » de ce scrutin et un processus qu’il juge « illégitime et contraire aux aspirations du peuple togolais ». Et comme si cela ne suffisait pas, le parti Orange (ANC) a annoncé le retrait de son unique représentant à la Commission électorale nationale indépendante (Céni). Dans une directive rendue publique le lundi 23 décembre 2024, le parti dirigé par Jean-Pierre Fabre a officiellement sommé Jean-Jacques Folly Teko de démissionner de ses fonctions à la CENI, où il siège depuis 2022. En consolidant leur position de boycott l’ANC, la DMP, les FDR, le CAR…, est-ce à dire que ces partis de l’opposition sont en passe de mettre fin définitivement à tout ce qui concerne les élections au Togo ?

Selon certains analystes, en choisissant de boycotter le processus électoral, l’opposition pourrait s’isoler davantage de la scène politique nationale, et risque de réduire son influence dans les débats politiques. Ce qui, à contrario, va renforcer la mainmise du pouvoir sur les institutions. Pendant ce temps, le gouvernement poursuit ses efforts pour consolider son assise, tout en mobilisant ses ressources pour préparer cette échéance.

La désunion de l’opposition a également un impact sur l’opinion publique. Beaucoup de Togolais, déçus par les luttes intestines et l’incapacité des partis à formuler des propositions concrètes, adoptent une posture d’indifférence. Ce désenchantement complique encore la tâche des contestataires, qui peinent à capter l’attention et la confiance des électeurs.

Alors que le gouvernement voit en cette élection une opportunité de parachever la mise en place des réformes, l’absence de l’opposition pourrait limiter le pluralisme attendu dans cette institution.

La date du 15 février 2025 s’annonce comme un moment si important pour le Togo, mais l’opposition ne semble pas prendre la mesure des conséquences fâcheuses de la politique de la chaise vide.

Si le pouvoir en place consolide son influence, l’opposition devra impérativement repenser ses stratégies pour espérer jouer un rôle significatif dans l’avenir politique du pays.

Daniel A. (In CHRONIQUE DE LA SEMAINE n°730 du 09 Janvier 2025)

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