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La réflexion sur les causes de la domination de l’Afrique par l’Occident, ne peut s’effectuer sans accorder une place capitale au christianisme et son rôle non-négligeable dans l’attendrissement des Africains de la colonisation. L’utilité de cette religion pour les colons fut avérée, et elle apparait de nos jours, à bien des regards d’Africains engagés dans la lutte de libération du continent noir du joug de l’Occident, comme un instrument d’une efficacité remarquable dont se sert l’Europe dans ses exactions.

Vers une juste compréhension du christianisme pour l’Afrique

La centralisation de l’organisation de l’Eglise catholique en Occident, est un fait. Les rênes du gouvernement du christianisme sont tenues par l’Occident, ce qui donne raison à certains de la désigner « religion du Blanc ».

Ainsi, l’élan qui porte les panafricains dans leur lutte contre la domination occidentale les emmène à faire de cette religion une cible. Toutefois, bien vécue, la foi chrétienne peut être un puissant moteur de développement. « Les vitamines de l’Evangile peuvent être cette réserve de vitalité où l’Afrique pourra puiser son énergie pour lutter contre ses maux et éclairer par la lumière de Christ, du monde », elle peut trouver sa voie authentique de progrès.

Sur le plan personnel et individuel, le chrétien d’Afrique doit cesser de vivre sa foi de « manière légère et futile, à travers bavardages et bondieuseries agréables », et faire place à des actes qui orientent sa vie sur le chemin du rayonnement et de la plénitude. Au niveau ecclésial, cette religion se doit d’être, au nom de Dieu et au nom de l’homme, une Eglise sur tous les fronts de la hutte pour le développement, la démocratie, les libertés fondamentales et la promotion des Droits de l’Homme.

Se libérer de la domination de l’Occident passe aussi par un développement conçu et mis en œuvre par l’Afrique elle-même. Ce développement ne saurait être effectif sans la prise en compte des principes de subsidiarité, de solidarité, du bien commun des vertus d’intégrité contre la corruption, de justice, d’égalité, du travail bien fait, etc. Autant de principes et de vertus qui sont promus par le christianisme et sur lesquels il convient d’effectuer un travail de fond en Afrique.

Après avoir pris conscience des facteurs qui alimentent la domination de l’Afrique et de comment une religion bien vécue peut contribuer à son affranchissement, voyons ce qu’est entre réalité et mythe, l’idée selon laquelle le christianisme sert d’outil occidental de domination de l’Afrique.

D’une réalité à un mythe

Face à la situation actuelle de l’Afrique, il est d’une légitimité avérée de montrer d’un doigt accusateur les facteurs exogènes. Toutefois, il faut reconnaître que de nos jours, les Africains sont les premiers responsables de leur situation, comme le souligne avec pertinence Kä Mana : « l’ennemi que doit vaincre l’Afrique ne vient pas de l’extérieur. Elle le porte en elle-même, elle le couve », et cet ennemi est encore moins le christianisme.

L’ignorance de l’anatomie du système de domination et d’exploitation de l’Afrique ou l’incapacité de trouver des solutions adéquates portent parfois à la mise en place de remèdes souvent faux et inefficaces. Le christianisme fut un puissant moteur de l’essor occidental, un fait aussi vrai qu’il soit parvenu à l’Afrique par le truchement de la colonisation. La question qui se pose alors de savoir si s’engager dans le développement avec, pour référents les vertus de la foi chrétienne, ne pourrait-il pas constituer pour ce continent, un excellent moyen de reprise du poil de la bête. La réalité est que le christianisme fut dévoilé à l’Afrique par l’Occident, mais son origine qui remonte à plus de vingt siècles, n’est pas occidentale.

Au-delà de la réalité du fait que l’Occident est l’introductrice de cette religion en Afrique, qui plus est, dans un contexte de colonisation, il y a un mythe de l’instrumentalisation et d’utilisation du christianisme à des fins de dominations élaborées avec minutie par certains esprits brillants pour alimenter la quête de l’identité nègre et la promotion des traditions africaines.

En définitive, le mal africain a plusieurs soubassements, parmi lesquels : le faux diagnostic de ce qui constitue pour de vraie source de malheurs. Si porter une réflexion sur la part de responsabilité des religions dans la situation que traverse l’Afrique, est d’une légitimité incontestable, dans le cas du christianisme, la tentation est bien grande de vite le condamner sur la base de la façon dont elle est venue en Afrique, et de le tenir pour coupable de l’endormissement des Africains du fait du lien intrinsèque qu’il garde avec l’Occident (Rome) ou rien qu’en pensant à Karl Marx.

Mais la réalité est que l’influence du christianisme, dans plusieurs pays d’Afrique, est prégnante et continue ses réalisations pour le bien-être social, répondant à sa vocation du salut de tout homme. La convergence entre la volonté des Africains d’un développement intégral et l’aspiration profonde du christianisme d’assurer à tous la liberté, pourrait donc constituer une passerelle d’affranchissement du joug occidental à ne pas ignorer.

Abbé Benoît AMEZIAN THEO III (In CHRONIQUE D LA SEMAINE n°718 du 27 juin 2024)

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