Les drones sont de nouvelles armes de guerre dont l’apparition oblige des états-majors à repenser les tactiques militaires et la structure des forces. Leur usage sur les théâtres des conflits, notamment au Moyen-Orient, pose la problématique de l’insécurité criarde à laquelle les villes entières font face. 

Il est clair que désormais, des drones iraniens sont déployés en Afrique du Nord et constituent une menace directe pour le Maroc. Les diplomates marocains ont, avec insistance, attiré l’attention des gouvernements occidentaux sur la question. Ces derniers ont reconnu que, l’Iran en complicité avec l’Algérie, approvisionne les rebelles du Front Polisario, qui sont engagés dans des attaques de guérilla contre le Maroc à propos de la position du royaume au Sahara.

Alors que le monde entier était tombé sous le charme du programme nucléaire iranien, ce pays s’est montré comme un gros fournisseur de ces matériels de guerre aux dictateurs et autres insurgés, mais aussi et surtout aux mandataires de l’Iran à travers le Moyen-Orient, et à la Russie qui en fait usage sur le front ukrainien.

Depuis la guerre entre l’Iran et l’Irak entre  1980 et 1988, l’usage des drones qui était simpliste et bon uniquement pour la surveillance, s’est vu donné un autre rôle assez dévastateur.

Un drone iranien Shahed abattu en Ukraine

Tout comme l’Iran, les services secrets américains redoutent que la Chine, « allié de toujours » de la Russie, fournit des drones au pays de Poutine. D’ailleurs, les derniers grondements nucléaires de Poutine et des nouvelles menaces territoriales pour le reste de l’ancienne URSS, font l’objet des dernières discussions sur la guerre en Ukraine.

Cette théorie est confirmée par Llewellyn King, membre vétéran de l’AEJ, chroniqueuse et animatrice politique à Washington. Elle affirme que les drones ont changé de manière décisive le monde de la guerre, et pas seulement en Europe.

Recyclage et réingénierie des armes et technologies occidentales

Depuis bien de temps déjà, l’Iran grâce à des drones américains capturés, a construit des générations de drones, grands et petits, mais de plus en plus sophistiqués, incorporant les dernières technologies.

Des moteurs et des pièces ont souvent été introduits en contrebande en Iran depuis l’Occident. Des moteurs capables d’alimenter des drones ont été introduits en contrebande dans ce pays sous fausse déclaration, notamment en les déclarant comme des jet-skis ou des motoneiges. C’était le cas avec le moteur Rotax de fabrication autrichienne jusqu’à ce que le subterfuge soit découvert.

Selon l’armée iranienne, le pays dispose d’un complexe industriel de défense qui peut fabriquer toutes les pièces de ses drones sur le marché intérieur. Une preuve de plus que ce pays fournit désormais une gamme impressionnante de drones avec de grands temps de flânerie et de longues distances de livraison.

L’Iran et ses ambitions mondiales

Selon le Vice-président senior de l’American Foreign Policy Council, Ilan Berman, l’Iran n’est pas dans la posture d’une concurrence force contre force, mais dans l’aide aux conflits asymétriques, c’est pourquoi ce pays a dépensé tant d’argent et de temps sur le terrorisme, et tant d’argent et de temps sur les missiles balistiques.

C’est donc à raison que le Maroc, par exemple, devrait s’inquiéter de sa nouvelle vulnérabilité, au vue de la nouvelle posture de l’Iran. Les drones, même s’ils ne gagnent peut-être pas une guerre, peuvent infliger de graves dommages à diverses cibles, des centres touristiques aux installations militaires en passant par les réseaux électriques vitaux et les centrales électriques. C’est le cas lorsque des attaques de drones qui ont causé des incendies dévastateurs en Arabie saoudite, dénoncé en septembre dernier.

Une course aux armements par drones est en cours au Moyen-Orient. Après l’Iran, le plus grand fabricant de drones de la région, est la Turquie, et même des pays petits mais riches comme les Émirats Arabes Unis, sont en train de renforcer leurs capacités de fabrication de drones. Les drones turcs ont joué un rôle crucial dans le récent conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie, et ils ont été utilisés par les deux parties dans le conflit libyen.

Mais pour contrer cette montée en puissance des drones, ce sont des défenses adéquates contre les attaques de drones, qu’il s’agisse d’assauts simples ou d’essaims conçus pour causer des dégâts importants. Et de l’avis de Ilan Berman, le seul système défensif efficace contre les drones est le « Iron Dome », construit avec la technologie israélienne et assisté et financé par les États-Unis.

Jusqu’à présent, Israël a hésité à vendre Iron Dome, qui attrape des projectiles volant à basse altitude tirés à une distance aussi proche que 2,5 milles du lieu d’interception. Il s’agit d’un dispositif de défense portable complexe, basé sur un radar, conçu pour détruire les roquettes et les drones en provenance de Gaza et de ses voisins, la Syrie et le Liban, qui hébergent, tous deux, des mandataires iraniens non étatiques.

Le Maroc, signataire des accords d’Abraham, pourrait acquérir ce dispositif auprès d’Israël, sauf que cela prendra des années de négociations, étant aussi donné que les ventes sont soumises à un veto américain.

 À l’heure actuelle, la stratégie du Maroc consiste à alerter le monde sur l’évolution de la dynamique dans la région et sur la vulnérabilité de presque tous les pays aux attaques de drones, un nouvel ajout à la guérilla et une vulnérabilité mortelle de pays comme le Maroc, où l’État et les non-acteurs peut semer la pagaille sans gagner sur le terrain.

« Ce que les Iraniens apportent à la table, c’est qu’il est connu qu’ils sont le principal État sponsor du terrorisme au monde, se déplaçant maintenant en Afrique, renforçant la capacité de leurs groupes mandataires », a déclaré Berman.

Le Maroc, malgré son accord de défense avec Israël rapporté par Antylar, a raison de s’inquiéter. Mais le monde aussi. Les drones sont une infection mortelle qui se propage rapidement.

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