
En douze mois, le charismatique duo Faye-Sonko a occupé l’espace politique avec le lancement de nombreux audits et chantiers. Mais, au-delà de la communication, le Sénégal attend les résultats, particulièrement sur le plan économique.
Le tourbillon de l’urgence résiste-t-il à la routine de la gouvernance ? Voilà un an, jour pour jour, que le pouvoir bicéphale de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko s’est installé au sommet de la pyramide politique au Sénégal. Ils promettaient la « rupture » et, désormais aux manettes, Faye et Sonko ne pouvaient qu’ouvrir de nombreux chantiers, le danger étant, comme pour tout candidat à la révolution, de s’assoupir sous les ors de la République.
Dans ce projet d’accélération de la locomotive sénégalaise, les rôles ont été aussi parfaitement répartis qu’entre deux policiers dans une salle de garde à vue. Ce n’est pas seulement parce qu’il était le plan B de l’élection présidentielle que Bassirou Diomaye Faye apparaît plus sobre que celui qui dispose d’un rang protocolaire pourtant moins élevé. Si le président semble jouer la carte de la pondération, c’est une manière de prendre la hauteur que lui confère sa fonction, tandis que le chef de gouvernement – plus extraverti de nature – garde les mains dans le cambouis politicien, notamment à travers les instances du parti Pastef.

C’est donc une autorité publique aussi polyandre que son chef est polygyne qui a lancé des jalons politiques dans de nombreuses directions. Les observateurs retiennent le domaine réservé du président, une politique internationale qui fleure bon le souverainisme annoncé, avec là aussi une tempérance qui tranche avec l’attitude des chefs d’État ouest-africains arrivés au pouvoir par la force. Comme il ménage la chèvre du costume-cravate et le chou des tenues traditionnelles, c’est sans outrance que Bassirou Diomaye Faye a remis en cause les accords de défense signés avec Paris ou celui paraphé, dans le domaine de la pêche, avec l’Union européenne.
Le régime sénégalais a également rapidement organisé des assises de la justice. Une justice que le président souhaite, soit dit en passant, voir convoquer son prédécesseur Macky Sall.

Cette volonté de purge des mauvaises pratiques donne du grain à moudre à une opposition en quête d’accroches stratégiques. L’accusation de chasse aux sorcières et un point de départ fréquent dans le travail de sape d’un état de grâce.
Au final, l’économie
Le point d’arrivée, cette fois, de l’éventuelle désillusion devrait – là aussi, sans surprise – s’articuler autour des questions auxquelles reviennent toujours les électeurs, celles qui concernent l’économie. L’ancien inspecteur des finances publiques, Bassirou Diomaye Faye, ne saurait être surpris par la vigilance particulière des citoyens en matière d’entrepreneuriat des jeunes, de pouvoir d’achat, de gestion de la dette et de sortie du franc CFA. Sur les deux premiers points, des opposants crient déjà leur déception, malgré l’annonce, en juin dernier, de la baisse des prix de denrées alimentaires. Sur la question de la dette, le récent rapport de la Cour des comptes est alarmiste. Sur le franc CFA, les plus volontaristes des révolutionnaires antisystèmes savent que le dossier ne saurait être purgé en un jour.

C’est classiquement à une nécessaire patience que les tenants du tout jeune régime sénégalais appellent, mettant en avant un souci officiel de transparence. Après douze mois, on peut encore accuser les prédécesseurs, ressasser les chantiers en cours ou invoquer le temps de traitement de la soixantaine d’audits lancés. Si son mandat est à peine entamé, Bassirou Diomaye Faye sait que mieux vaut garder, en matière de promesses, une poire pour la soif. Le temps des nouvelles campagnes revient plus vite qu’on ne le pense.
MSN
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