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Les blessures du passé colonial continuent de marquer la mémoire africaine. Pour en interroger les traces et appeler à une justice réparatrice, le Groupe de presse « Le Défenseur Info », en collaboration avec le Collectif panafricaniste des jeunes du Togo, a organisé, le vendredi 3 octobre dernier à Lomé, une conférence sur le thème : « Les Crimes coloniaux : Mémoire et Réparation ». L’événement a réuni des acteurs de la société civile, des universitaires, des étudiants et des professionnels des médias, tous décidés à porter plus haut la voix de la mémoire africaine.

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre de la Journée internationale de la souveraineté africaine, célébrée chaque 21 septembre dans treize pays d’Afrique et d’Europe. Elle vise à rappeler une histoire trop souvent passée sous silence, et à poser les jalons d’une réconciliation fondée sur la vérité, la dignité et la justice. Trois grands axes ont orienté les échanges : rendre justice à la mémoire africaine en redonnant voix à une histoire longtemps occultée, plaider pour une justice réparatrice comme condition d’une réconciliation sincère entre l’Afrique et ses anciennes puissances coloniales, et tracer les perspectives d’une Afrique souveraine, unie autour de ses valeurs et de sa dignité retrouvée.

Conférencier principal de la rencontre, Dr Halourou Maman, historien et enseignant vacataire à l’Université de Lomé, revient sur les fondements historiques de cette exigence de réparation.

« Entre le XVIᵉ et le XIXᵉ siècle, plus de douze millions d’Africains furent déportés vers les Amériques. Cette traite atlantique a constitué le socle d’un capitalisme marchand et industriel florissant en Europe et en Amérique. Les esclaves ont été réduits à des marchandises, privés de toute humanité, et exploités dans des plantations, qui ont enrichi les puissances européennes. Les profits générés par l’esclavage ont contribué à l’industrialisation du continent européen et à la consolidation du capitalisme moderne. », a-t- il déclaré.

Pour l’historien, l’idée de réparation s’inscrit dans une logique universelle de justice. Si l’Allemagne a indemnisé Israël pour l’Holocauste, si l’Afrique du Sud a instauré une Commission vérité et réconciliation pour solder l’apartheid, pourquoi les crimes de l’esclavage et du colonialisme seraient-ils exclus d’un tel processus ?

À en croire les organisateurs, le Togo s’illustre parmi les nations africaines les plus engagées dans la défense de la mémoire collective et la quête de justice historique. Le ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, a à plusieurs reprises plaidé pour un dialogue sincère sur les réparations coloniales, estimant que les excuses seules ne suffisent pas et qu’elles doivent être suivies d’actions concrètes de réparation et de réhabilitation. Le pays a notamment pris part à plusieurs Conférences internationales, dont celle de Londres sur le panafricanisme et les réparations, aux côtés de la diaspora et d’organisations de la société civile africaine.

En février 2025, le Togo a franchi un pas décisif en introduisant auprès de l’Union africaine une proposition visant à qualifier l’esclavage, la déportation et la colonisation comme crimes contre l’humanité. Cette décision a été adoptée le 16 février 2025 par la Conférence des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine.

Porté par une volonté d’éveil collectif, Julien Komla Ségbédji, directeur de publication du média Le Défenseur Info et principal organisateur de l’événement, a souligné l’importance d’un travail de mémoire durable.

« Il faut sensibiliser la jeunesse à réécrire notre histoire, à redonner sens à ce que l’Afrique a vécu. Cette conférence marque le début d’un processus de conscientisation, pour contrer les effets durables des crimes coloniaux et redonner fierté à notre continent », a-t-il déclaré avant d’ajouter que des recommandations concrètes ont été formulées pour passer à l’action dès la première journée.

Au terme des travaux, les participants ont proposé plusieurs recommandations fortes. Parmi ces recommandations, l’intégration de l’histoire africaine dans les programmes éducatifs figure en priorité.

« Nos enfants et nos étudiants doivent connaître les fondements de notre histoire. C’est en revenant sur le passé que nous pourrons bâtir une Afrique plus forte et plus solidaire », a insisté Julien Komla Ségbédji.

Les conclusions de la conférence seront prochainement transmises aux institutions nationales et organisations partenaires, dans l’espoir d’aboutir à des actions concrètes pour une mémoire africaine restaurée et une justice véritablement réparatrice.

 Amen Tewou

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