« Protéger l’enfance, c’est sacré », tel est le thème d’une campagne interreligieuse dont la phase pilote a été officiellement lancée le jeudi 16 août dernier à Lomé. Initiée par le réseau Faith to Action Network en collaboration avec les leaders religieux (chrétiens et musulmans, cette campagne se veut de stimuler et de restructurer le débat public au Togo sur la question lancinante du mariage des enfants, en mobilisant les leaders religieux (chrétiens, prêtres vaudou, et imams) et les médias.

Au Togo, une fille sur quatre se marie avant l’âge de 18 ans, révèlent les statistiques. Derrière un mariage précoce, c’est bien une enfance gâchée, une éducation brisée, des droits bafoués, des rêves sacrifiés et une jeunesse volée à cet enfant qui entre très jeune dans un mariage.

« Cette pratique qui persiste, est bien souvent justifiée par des interprétations culturelles ou religieuses erronées, et amplifiée par des récits trompeurs dans l’espace public », a expliqué Mme Ayoko Bahun-Wilson, Directrice de programme pour l’Afrique de l’Ouest à Faith to Action Network. « Protéger l’enfance n’est pas une rupture avec la foi, c’est une élévation de ses valeurs les plus profondes », a-t-elle martelé.

Cette campagne, qui est une réponse à ce phénomène lancinant, marque un « tournant décisif et une promesse contre le mariage précoce », a-t-elle soutenu. Elle mobilise des avatars virtuels animés par l’intelligence artificielle (IA) et des voix clonées multilingues (français, Mina, Kabye) et des techniques avancées d’écoute sociale dans l’optique, à terme, de mettre fin au mariage des enfants au Togo.

Motivée par « la peine des jeunes filles concernées par le mariage précoce », le Révérend Pasteur Godson Dogbéda Téyi Lawson Kpavuvu, président de l’église méthodiste du Togo, dit s’engager contre le mariage précoce des enfants. « (…) Cette campagne se fera en réseau pour amplifier notre approche. Il faut insister sur l’éducation de la jeune fille parce que nous avons constaté au niveau de nos confessions religieuses que les filles qui sont allées en ménage rapidement, sont celles qui n’ont pas un bon niveau en matière d’éducation scolaire. Il y a aussi la question de la pauvreté », a-t-il indiqué.

Soulignant que cette question de mariage précoce des enfants est préjudiciable à leur épanouissement, Togbui Apélété Rémi Kossi, rapporteur général de la Fédération nationale des cultes vaudou et des traditions du Togo (FNCVTT), a indiqué que les chefs et leaders traditionnels ont commencé, depuis plus d’une décennie, à réfléchir sur ce phénomène, en agissant en faveur des enfants. Comme actions, a-t-il noté, la réduction sensible du temps passer par les enfants dans les couvents, l’existence d’une cellule spécialisée chargée des questions des enfants, entre autres.

« (…) Nous nous sommes rendus compte qu’il y a un phénomène transversal, qui est dans toutes les communautés : le mariage des enfants. C’est dans ce sens que l’engagement additionnel de Togblékopé a été adopté allant dans le sens de la lutte contre le mariage des enfants », a souligné Togbui Apélété.

Notons que cette campagne, qui est à sa phase pilote, va se dérouler dans les gites de ce phénomène, notamment dans zone du fleuve Mono, et le Sud-est de la région Maritime.

JPB

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