
En Belgique, le parquet demande le renvoi de l’ancien diplomate Étienne Davignon devant un tribunal correctionnel pour les faits qui coûtèrent la vie à Patrice Lumumba le 17 janvier 1961. Il est soupçonné de « participation à des crimes de guerre », des faits imprescriptibles.
64 ans après l’assassinat de Patrice Emery Lumumba par des séparatistes katangais, la mémoire de l’ancien chef de gouvernement congolais ne manque jamais de hanter l’actualité. Les dernières années ont été marquées par la gestion des restes rares de la dépouille découpée et dissoute du héros anticolonialiste, du retour d’une dent en or à la récente profanation du mausolée érigé en hommage au disparu.
Sur le plan politique, le gouvernement belge présenta, en 2022, des excuses pour la manière dont le royaume avait pesé sur la décision de mettre fin aux jours du Premier ministre du Congo indépendant.

Sur le plan – plus complexe – de la justice, au regard des décennies qui flétrissent les corps et les mémoires des acteurs de l’époque, les tribunaux belges suivent leur traditionnel train de sénateur, sans que cela ne signifie un enlisement définitif.
En 2022, les tenants du dossier d’instruction recevaient les deux cents classeurs d’une commission d’enquête parlementaire de 2000-2001. De quoi boucler aujourd’hui une enquête pénale ouverte il y a plus d’une décennie, à la suite d’une plainte déposée en 2011 par la famille Lumumba. Et voilà le parquet fédéral qui réclame un procès devant le tribunal correctionnel pour « participation aux crimes de guerre ».
Responsabilité morale
Les faits reprochés aux acteurs belges – dont l’histoire a déjà démontré qu’ils n’étaient pas les exécuteurs sont plus précisément la détention et le transfert illicites d’un prisonnier de guerre, la privation du droit d’être jugé de manière impartiale ainsi que des traitements humiliants et dégradants.
En pleine décolonisation du Congo, la Belgique avait clairement pris le parti du Katanga dans sa quête de sécession. Les intérêts de l’une et de l’autre se rejoindront dans le projet macabre qui coûtera aussi la vie à deux des plus proches collaborateurs de Lumumba.
Une commission d’enquête parlementaire belge avait conclu en 2001 que « certains membres du gouvernement belge et d’autres acteurs belges avaient une responsabilité morale dans les circonstances ayant mené à la mort » du héros congolais. Mais qui juger, des décennies plus tard ?
Diplomate stagiaire
Le parquet demande le renvoi devant le tribunal correctionnel d’Étienne Davignon pour des crimes de guerre imprescriptibles.

Aujourd’hui âgé de 92 ans, l’ancien diplomate, ministre d’État, homme d’affaires et vice-président de la Commission européenne est la seule personnalité encore en vie, parmi les dix visées par la plainte initiale.
Notons qu’au moment de l’assassinat de Lumumba, Davignon alors âgé de de 28 ans, était diplomate stagiaire, envoyé dans la zone congolaise par le ministère belge des Affaires étrangères.
MSN
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