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En RDC, la « riposte vigoureuse » promise par le président congolais Félix Tshisekedi se fait encore attendre. Selon le groupe de réflexion International Institute for Strategic Studies, l’armée congolaise (FARDC) comptait environ 135.000 soldats en 2022, un effectif qui a depuis augmenté.

« L’armée a développé une vie propre », déclare également Ciaran Wrons-Passmann, directeur du Réseau œcuménique allemand pour l’Afrique centrale (ÖNZ). « Elle est devenue un « self-service » dans lequel les dirigeants peuvent s’enrichir », poursuit-il lors d’une interview accordée à la DW.

Les mercenaires sont mieux payés que les soldats

Les simples soldats, très modestement payés, reçoivent environ 100 dollars par mois – rapporte l’agence de presse Reuters. Pire encore, « il n’est pas rare qu’ils repartent les mains vides », détaille Jacob Kerstan. Et dans le même temps, « les mercenaires d’Europe de l’Est ont reçu des dizaines de milliers d’euros par mois ».

Les conflits internes sont d’autant plus inévitables, qu’il est difficile de se fier les uns aux autres. « Parfois, on travaille avec d’autres acteurs que l’on considère comme plus intéressants. Cela sape l’esprit de corps », explique Ciaran Wrons-Passmann.

Avec les successeurs de Mobutu Sese Soko, Laurent Kabila et son fils Joseph, l’armée a ensuite été infiltrée, notamment par le Rwanda. Dans une interview accordée à la DW début mars, Patrick Muyaya, porte-parole du gouvernement et ministre des médias de la RDC expliquait ce point.

« N’oubliez pas qu’après le renversement de Mobutu, cette armée était dirigée par James Kabarebe, un militaire rwandais qui est aujourd’hui sanctionné par les Etats-Unis ». Il faisait ainsi référence à la phase de conflits entre 1996 et 2003, que l’on appelle généralement aujourd’hui la première et la deuxième guerres du Congo.

« Après l’accord de Sun City, nous avons mélangé tous ces militaires qui venaient du côté rwandais. Si vous mélangez tout, cela devient très compliqué », soulignait Patrick Muyaya.

De son côté, le président Félix Tshisekedi accuse l’armée d’avoir été « trahie de l’intérieur ». « Mon prédécesseur a été au pouvoir pendant 18 ans sans reconstruire l’armée » a déclaré le chef d’Etat au New York Times. Certains membres des forces armées manquent de « sens du devoir » envers la nation, conclut le bureau de Félix Tshisekedi.

« C’est aussi la raison pour laquelle le gouvernement est aujourd’hui si réticent à négocier avec le M23. Parce qu’ils ont peur d’être infiltrés », résume Jakob Kerstan.

« Le M23 n’existe pas »

Et maintenant ? « La République démocratique du Congo travaille à la réforme des forces armées », rappelait Patrick Muyaya. Mais ces changements prennent du temps. « Il ne faut pas croire qu’on peut terminer toute la réforme de l’armée en cinq ans. Nous avons commencé à le faire. Pourquoi pensez-vous que le président (rwandais) Paul Kagame a décidé d’attaquer et de mener cette guerre en RDC ? Parce qu’il voit comment les choses évoluent ».

Jusqu’à présent, le Congo excluait strictement tout dialogue avec le mouvement rebelle, pour finalement y consentir avant le rendez-vous avorté de Luanda, ce 18 mars. Plus encore : « le M23 n’existe pas », pointe Patrick Muyaya.

Selon lui, ce groupe armé ne serait qu’un prétexte créé par le Rwanda pour mettre la main sur les matières premières congolaises. « Ce n’est pas le M23, c’est l’armée rwandaise. Le Rwanda est un tissu de mensonges ».

Eloïse Gosselin

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