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Lundi 6 décembre s’est ouvert, à Paris, le procès sur les soupçons de « pacte de corruption », en 2007, entre le pouvoir libyen et un Nicolas Sarkozy alors en campagne présidentielle. Un dossier complexe qui ne manque toujours pas, aujourd’hui, de dimensions géopolitiques.

Dans le labyrinthe judiciaire consécutif aux soupçons de financement libyen d’une campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy, le climax que constitue le procès, alimente la communication néo-souverainiste africaine, qui condamne inlassablement une politique française par ailleurs teintée d’arrogance, avec les récents propos d’Emmanuel Macron devant ses ambassadeurs.

Certes, les reproches variés que la justice française fait à l’ancien chef d’État sont davantage de nature à mettre à mal sa réputation personnelle que la continuité de la politique française. Mais les influenceurs panafricanistes et les internautes lambda ont beau jeu d’entretenir le mythe d’un guide libyen« afrophile » et d’établir le lien entre les soubresauts libyens et la dégradation sécuritaire au Sahel.

Au terme de dix ans d’instruction, c’est devant le tribunal correctionnel de Paris que treize prévenus sont jugés, depuis le 6 janvier, dans un procès qui devrait durer quatre mois, pour un présumé « pacte de corruption » noué par l’entourage de Nicolas Sarkozy avec le régime de Mouammar Kadhafi. Selon l’accusation, celui qui était alors ministre français de l’Intérieur et candidat de l’UMP à la présidentielle aurait accepté, dès octobre 2005, une contribution indue à la campagne électorale qui le conduira à l’Élysée.

Pour certains observateurs, l’invitation à Paris, en décembre 2007, d’un Kadhafi longtemps au ban de la scène internationale, rendrait plus que crédible la thèse de ce pacte secret. Sont également évoquées de présumées contreparties économiques – contrats en matière de nucléaire civil ou de renseignement –, ou judiciaires – levée du mandat d’arrêt visant le patron du renseignement militaire libyen, Abdallah Senoussi, alors ciblé pour son rôle dans l’attentat contre un DC-10 de l’ancienne compagnie d’aviation française UTA, en septembre 1989.

Au point que pour les observateurs les plus impertinents ou les plus approximatifs – c’est selon –, la mort brutale du « guide suprême » libyen, en 2011, a même pu apparaître comme une tentative d’étouffement du dossier financier incriminé…

« Rivières de sang » et torrent d’argent ?

C’est au moment où Mouammar Kadhafi retombait en disgrâce diplomatique  – alors qu’il promettait des « rivières de sang » à ses opposants – que lui et son fils Seif al-Islam distilleront les premières accusations de trahison d’un « pacte » conclu avec Nicolas Sarkozy. Après la mort du guide, d’autres acteurs, comme l’ex-Premier ministre libyen, Baghdadi al-Mahmoudi, ou l’homme d’affaires franco-libanais Ziad Takieddine, évoqueront un « accord de financement de campagne ».

En plus de virements présumés sur des comptes offshore, il est notamment question de valises de billets qui auraient été remises à Claude Guéant, alors directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur.

La publication, par le site d’investigation Mediapart, d’un « document officiel libyen », daté de décembre 2006, aura jeté cette affaire sur la place publique. Nicolas Sarkozy dénoncera un « faux grossier » et portera plainte contre le média en ligne. En vain.

Écheveau digne d’un roman

Alors que s’ouvre le procès, en ce début d’année 2025, la défense d’un Nicolas Sarkozy, récemment condamné à porter un bracelet électronique dans une autre affaire, dénonce essentiellement l’excès de flou dans le dossier.

Des contreparties évoquées seraient restées à l’état de promesses, le montant du financement dénoncé n’est pas formellement chiffré – il est question d’une cinquantaine de millions d’euros – et les « preuves irréfutables » manqueraient au détriment d’un bien vague « faisceau d’indices ». Notamment en ce qui concerne une éventuelle implication ou un enrichissement personnel de l’ancien président français.

La justice française pourra-t-elle dénouer cet écheveau rocambolesque ? La mort de Kadhafi était-elle une vengeance de Sarkozy ? Les accusations de Kadhafi une vengeance contre Sarkozy ? L’ancien président français risque dix ans d’emprisonnement…

MSN

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