
Les relations entre Alger et Bamako se compliquent un peu plus chaque jour que Dieu fait. Dans un communiqué rendu public le 25 janvier 2024, le Gouvernement de la Transition, tout en dénonçant un certain nombre de « faits suffisamment graves », constate l’inapplicabilité absolue de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, signé en 2015. Bamako annonce, par conséquent, la fin de ces Accords, et souligne que cette décision, murement réfléchie, prend effet à partir de la date de signature de ce communiqué.
Dans un communiqué lu par le Colonel Abdoulaye Maïga, Ministre d’Etat, Ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, Porte-parole du Gouvernement , le Gouvernement de Transition du Mali a constaté avec « une vive préoccupation une multiplication d’actes inamicaux, de cas d’hostilité et d’ingérence dans les affaires intérieures du Mali par les autorités de la République Algérienne Démocratique et Populaire », qui portent « atteinte à la sécurité nationale et à la souveraineté du Mali ».

Bamako dénonce, entre autres, cinq « cas suffisamment graves », à savoir :
« 1. L’imposition d’un délai de Transition aux Autorités maliennes, de manière unilatérale ;
2. L’accueil sans concertation ou notification préalable et au plus haut sommet de l’Etat Algérien de citoyens maliens subversifs et de citoyens maliens poursuivis par la justice malienne, pour actes de terrorisme ;
3. L’existence sur le territoire algérien de bureaux assurant la représentation de certains groupes signataires de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, devenus aujourd’hui des acteurs terroristes ;
4. La volonté des autorités Algériennes à maintenir le régime de sanctions des Nations Unies concernant le Mali, au moment où le Mouvement des Non Alignés et la Fédération de Russie s’y opposaient dans l’intérêt du Mali qui demandait la levée dudit régime ;
5. La main cachée des autorités Algériennes dans une manœuvre consistant à imposer un chapitre sur le Mali dans le document final du sommet du Mouvement des non-alignés à Kampala, en Ouganda, sans le consentement des Autorités maliennes ».
A l’analyse de cette situation, Bamako indique, les autorités Algériennes auraient une perception erronée selon laquelle le Mali serait « leur arrière-cour ou un Etat paillasson, sur fond de mépris et de condescendance ».
Ainsi, au regard de ces accusation « suffisamment graves », selon Bamako, le Gouvernement de la Transition est au regret de constater « l’inapplicabilité absolue de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, signé en 2015 et par conséquent, annonce sa fin, avec effet immédiat ».

Face à ces accusations, les autorités Algériennes soulignent qu’elles « ne sont pas à l’initiative du Chapitre contesté sur le Mali ». Et pourtant, les autorités Algériennes « ont été les seules à s’opposer, au niveau des experts, à l’amendement proposé par le Mali », et vont même plus loin en « affirmant que toute modification de la rédaction contestée devrait recueillir, au préalable, l’assentiment des plus hautes autorités Algériennes ».
Prenant à témoin l’opinion nationale et internationale, le Gouvernement de la Transition invite « à constater l’écart entre les manœuvres d’hostilité des autorités Algériennes, d’une part, et, d’autre part, la responsabilité qui leur incombe au moment où elles siègent au sein du Conseil de Sécurité des Nations Unies, l’instance chargée principalement du maintien de la paix et de la sécurité internationales ».
Tout en condamnant cette attitude, Bamako « exige des autorités Algériennes de cesser immédiatement leur hostilité » et au respect des « relations de bon voisinage » qui exigent « des comportements responsables », guidés par « le sens de l’empathie et le respect mutuel ».
Notons que « l’un des ponts majeurs de l’amitié entre les deux peuples frères remonte à la guerre d’Algérie, lors de laquelle, le Mali a notamment : offert son territoire comme base arrière aux Moudjahidines, ouvrant ainsi un front sud; participé aux affrontements armés contre le colonisateur français, en déployant des combattants maliens aux côtés des Moudjahidines, sur le territoire algérien pour défendre la liberté et la dignité des Algériens; défendu la cause algérienne dans toutes les instances diplomatiques, jusqu’au recouvrement de leur indépendance ». Le Gouvernement de la Transition saisi ainsi l’occasion pour « rappeler aux autorités Algériennes les relations séculaires et fraternelles qui existent entre le peuple malien et le peuple algérien ».
C’est donc à raison que Bamako invite les autorités Algériennes à se remémorer également leur responsabilité dans la détérioration de la situation sécuritaire au Sahel.
Le Gouvernement de la Transition note que « s’il est vrai que l’intervention de l’Organisation du Traité de l’Atlantique nord (Otan) a exacerbé la menace terroriste, il n’en demeure pas moins que c’est l’installation dans le Sahara du Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (Gspc) algérien, puis son allégeance à Al-Qaida, qui marquent l’avènement du terrorisme international dans la région ».

Rassurant de sa « volonté à œuvrer pour le règlement pacifique de la crise malienne, en tirant les enseignements des accords précédents et en consolidant leurs acquis », Bamako invite « tous les autres groupes signataires du caduc accord de paix, non impliqués dans le terrorisme, ainsi que les partenaires du Mali, à s’inscrire dans l’esprit du dialogue direct inter-malien ouvert à tous nos compatriotes épris de paix, annoncé par Son Excellence Le Colonel Assimi Goïta, Président de la Transition, Chef de l’Etat, le 31 Décembre 2023 ».
Pour finir, le Gouvernement de la Transition saisit l’opportunité « pour appeler les Maliens à renforcer la cohésion nationale et à promouvoir le dialogue et la paix ».
MC
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